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[casi] Re: [casi] La résistance irakienne réveille toutes les contradictions avec les Etats-Unis



Dear Dirk,

How dare you to post a non-English language message?  ;)

Thanks for sharing, but who is that "Mohammed Hassan, spécialiste du
Moyen-Orient"

I mean, any info out there beyond this one:

"Mohamed Hassan donne à l'Université marxiste d'hiver un cours sur le thème
«Panafricanism, Panarabism & Marxism». Une étude de textes africains et
arabes du passé confrontés à la situation actuelle en Irak et au Congo.
Cours en anglais, avec des groupes de discussion en d'autres langues selon
la demande. Du 26-30 décembre 2003. Infos: www.marx.be, 02/504.01.44. "


Néansmoins:

Merci beaucoup !

+

Hartelijk bedankt !

Andreas



----- Original Message -----
From: "Dirk Adriaensens" <dirk.adriaensens@skynet.be>
To: <soc-casi-discuss@lists.cam.ac.uk>
Sent: Sunday, December 07, 2003 10:49 PM
Subject: [casi] La résistance irakienne réveille toutes les contradictions
avec les Etats-Unis



[ Presenting plain-text part of multi-format email ]

Dear all,
after all the recent yes/no discussions about mass-graves, and the totally
unnecessary attack of Tom Young, who only wants to find out the truth, here
is a very interesting article (in french) that puts back the essence of the
Iraq conflict in the spotlight: the USUK aspirations for a new imperial
world order.
Greetings. (and hopefully you all understand french)
Dirk Adriaensens.
www.SOSIraq.org

Interview de Mohammed Hassan, spécialiste du Moyen-Orient

http://www.ptb.be/scripts/center.phtml?section=A1AAABBSBE
La résistance irakienne réveille toutes les contradictions avec les
Etats-Unis

Hélicoptères US abattus, attentats, soldats US tués dans des embuscades. Pas
un jour ne se passe sans que la résistance irakienne porte des coups aux
troupes d'occupation. «La résistance réveille toutes les contradictions avec
la politique guerrière de Bush: en Irak même, dans la région, entre l'Europe
et les Etats-Unis et même au sein de la bourgeoisie américaine», affirme
Mohammed Hassan, spécialiste du Moyen-Orient.

David Pestieau
12-11-2003

L'administration Bush vient d'obtenir 87 milliards de dollars du Congrès
américain pour continuer l'occupation de l'Irak (et de l'Afghanistan).
Pourtant des membres du Congrès démocrates et même certains républicains,
qui ont tous voté pour la guerre, remettent en cause l'occupation. Comment
expliquer cette évolution?

Mohammed Hassan. Depuis 50 ans, il y a débat entre les différentes fractions
de la bourgeoisie aux Etats-Unis. Il y a la faction «internationaliste»,
industrielle. Elle a défendu la politique du containment: il s'agissait de
contenir le communisme, de l'empêcher d'étendre son influence. Ce qui
impliquait une alliance forte avec l'Europe occidentale.

Il y a la faction sudiste, plus lié à l'industrie pétrolière et le textile.
Sa stratégie est le roll-back (renversement): renverser le communisme et
tous les régimes indépendants. Elle a toujours défendu que le centre de
gravité de l'hégémonie américaine passait par l'Amérique latine et surtout
l'Asie.

Jusqu'à la chute de l'Union soviétique, ces deux factions ont conclu un
compromis: le principal était le «containment» mais avec des renversements
de régime sélectifs, comme en Iran en 1953 ou en Indonésie en 1965, chaque
fois que c'était possible sans affronter trop l'Union soviétique.

Et depuis 1989?

Mohammed Hassan. Quand l'Union soviétique est tombée, une grande partie de
la bourgeoisie américaine s'est tournée vers le total roll-back, la volonté
d'imposer le capitalisme mondial partout dans le monde sous hégémonie
américaine.

Avec la crise, fin des années 90, début des années 2000, il y a eu un
consensus pour renverser les régimes des Etats appelés voyous. Les guerres
contre la Yougoslavie, l'Afghanistan et l'Irak en ont été les premières
étapes. Avec l'Irak, la stratégie était de renverser le régime, de mettre un
gouvernement de marionnettes à la place. Et surtout: à partir de l'Irak,
changer les autres régimes de la région.

Économiquement, il s'agissait de privatiser tous les secteurs-clés de
l'Irak, mettre sur pied une économie néo-coloniale et installer un marché
unique où Israël pourrait dominer la région. En fait, on en revient à une
politique coloniale comme on la connaissait au début du 20e siècle.

Du colonialisme?

Mohammed Hassan. Il n'y a ni Constitution, ni gouvernement et tous les
contrats de reconstruction sont attribués à des firmes US. Sans aucun appel
d'offre. Un véritable hold-up. Exemple: la firme Halliburton, dont le
président a longtemps été le vice-président actuel des Etats-Unis, Dick
Cheney. Une de ses filiales, Kellogg Brown & Root Services, s'est vu
attribuer la reconstruction de l'industrie pétrolière irakienne pour le
double de la somme prévue au départ: deux milliards de dollars.

Pas seulement pour la reconstruction, mais aussi pour la construction d'une
toute nouvelle raffinerie pétrolière. Le comble, c'est que l'US Army Corps
of Engineers, chargé de diriger la reconstruction, a revu à la hausse ses
estimations sur base d'une étude réalisée par... Kellogg. Car les ambitions
des multinationales US du pétrole sont d'exploiter les puits actuels mais
aussi d'en forer d'autres, pour en extraire 8 millions de barils par jour!

Aujourd'hui l'Irak fait face à un chômage jamais vu

Mohammed Hassan. En réalité, les Américains réalisent en Irak ce qu'ils font
dans d'autres pays du tiers monde: transformer des travailleurs manuels et
intellectuels formés en une marée de mendiants et d'esclaves modernes. Ce
que font les Américains aujourd'hui, c'est un retour à ce qu'ont fait les
Britanniques au début des années 20 quand ils ont envahi l'Irak.

C'est la révolution soviétique, puis la victoire sur le fascisme après la
deuxième guerre mondiale, qui ont été les moteurs de la décolonisation. Il
est donc logique que le renversement du bloc socialiste amène le retour d'un
colonialisme modernisé.

Mais les peuples du tiers monde, et particulièrement d'Irak, ont beaucoup
appris ces 80 dernières années. Les Irakiens savent que leur pays a produit
le nombre le plus élevé de diplômés du monde arabe. Qu'il a pu, un moment
dans son histoire, utiliser ses énormes richesses pour construire un pays
moderne.

C'est cette conscience qui est à la base de la résistance irakienne
actuelle. Et s'il y a une certaine opposition au Congrès US, c'est
uniquement parce que la résistance irakienne démontre jour après jour que
les plans US s'avèreront très coûteux, sans garantie de succès.

Mais une partie des pays de l'Union européenne semble s'opposer à cet
expansionnisme

Mohammed Hassan. Parce que la guerre contre l'Irak était aussi une guerre
contre l'Europe. Le roll-back, c'est l'abandon de la politique d'alliance
d'avant la chute de l'URSS. Les Etats-Unis ont tout fait pour diviser
l'Europe. Pour imposer leur hégémonie complète, ils devaient rediviser les
zones d'influence dans le monde et passer par la guerre contre l'Irak. C'est
un signal clair envers l'Europe: ne prenez pas pied au Moyen-Orient.

Il ne faut pas se fier à l'apparence d'une unité retrouvée entre France,
Allemagne et Etats-Unis. Les contradictions grandissent. Il y a dix ans, il
aurait été impensable que l'Union européenne commande un sondage où les
Européens affirment que les deux pays qui menacent le plus la paix dans le
monde sont Israël (59%) et les Etats-Unis (53%).

Les contradictions se développent aussi dans les pays qui ont choisi de
rester atlantistes. Quand l'Espagne rappelle son personnel diplomatique de
Bagdad, cela exprime les pressions de la faction de la bourgeoisie espagnole
pro-européenne.

Même Chalabi, le protégé irakien de Washington, se plaint que les Etats-Unis
ne laissent pas plus de pouvoir au Conseil irakien.

Mohammed Hassan. D'abord il y a les mouvements kurdes irakiens pro-US.
Pendant dix ans, ils ont eu le contrôle d'une région autonome au Nord de
l'Irak. Ils ont pu s'armer et s'organiser. Ils ont une influence
prépondérante sur les autres factions pro-américaines. Ils ont imposé l'idée
d'un Etat irakien fédéral. Mais guidés par un nationalisme étroit et
aveugle, ils n'ont pas compris que les Etats-Unis avaient un autre agenda
qu'eux pour l'Irak.

L'armée US a eu besoin d'eux pour l'espionnage, l'infiltration avant et
pendant la guerre. Mais aujourd'hui, les Américains ont dû constater que les
Kurdes ne peuvent pas contrôler plus que le territoire qui était déjà sous
leur contrôle. Et Washington fait appel à la Turquie (qui a refusé), ce qui
a provoqué un tollé des Kurdes. D'autre part, les mouvements arabes irakiens
pro-US n'ont aucune assise populaire et surtout aucune organisation
sérieuse.

Une erreur d'évaluation des Etats-Unis?

Mohammed Hassan. En effet. Powell comme Rumsfeld ont dû avouer qu'ils ne
s'attendaient pas une résistance aussi puissante et aussi organisée.
Contrairement à ce qu'ils avaient affirmé au début, ils ont décidé de
rappeler une partie des membres de l'ancienne armée irakienne pour
construire rapidement une nouvelle armée sous leurs ordres. Mais en agissant
ainsi, les mouvements kurdes, comme celui de Talabani, sentent que leur
pouvoir diminue. Et les marionnettes pro-américaines comme Chalabi sentent
le pouvoir leur échapper.

Il s'agirait d'un revirement américain pour donner une partie du pouvoir à
des composantes de l'ancien régime qui passeraient dans leur camp. Ce qui
expliquerait les déclarations de Rumsfeld qui veut former une armée
irakienne de 200.000 hommes...

Mohammed Hassan. Précisément. Les Américains espèrent débaucher un ou deux
généraux ambitieux et opportunistes de l'ancien régime. Et regagner sous son
contrôle une partie de la base de l'armée irakienne. Qui soit est désoeuvrée
et au chômage, soit est entrée dans la résistance. Les USA espèrent ainsi
diviser le parti Baath (le parti de Saddam Hussein).

En réalité, les anciens membres de l'armée irakiennne sont les seuls à avoir
une expérience militaire et à maîtriser des formes d'organisation
élémentaires pour construire une véritable armée. Mais cette option est très
fragile pour les Américains: elle rendra la nouvelle armée perméable aux
infiltrations de la résistance. Et surtout, elle arrive trop tard. Si les
Etats-Unis l'avaient appliqué lors de la chute de Bagdad, au moment où le
moral des nationalistes irakiens était au plus bas, ils auraient pu espérer
un ralliement plus massif. Mais aujourd'hui...

Les Etats-Unis semblent aussi connaître des contradictions de plus en plus
grandes avec les autres pays de la région.

Mohammed Hassan. Oui, y compris avec leurs alliés traditionnels: Koweit,
Arabie saoudite et même Turquie. Ces trois pays ont signé une déclaration
commune avec les autres voisins de l'Irak (Iran, Syrie, Jordianie). Ils y
indiquent ne pas accepter l'occupation américaine et exigent que le pouvoir
revienne au plus vite aux Irakiens. Le Koweït s'est aussi opposé à la
décision américaine d'annuler la dette irakienne envers ce pays.

On peut aussi expliquer ces déclarations par la pression populaire: dans les
pays arabes, le peuple soutient ardemment la résistance irakienne...

Mohammed Hassan. Oui, cela joue, mais ce sont plus que des déclarations
démagogiques. Jamais le Koweït et l'Arabie saoudite ne s'étaient tant
avancés publiquement en opposition aux Etats-Unis. Ces régimes féodaux ont
compris que les buts US ne se limitent pas à renverser le régime
nationaliste arabe de Saddam Hussein. Il s'agit de «démocratiser» la région
à la sauce américaine, en d'autres termes, renverser tous les régimes du
Golfe pour les remplacer par des nouveaux protectorats où les marges de la
bourgeoisie locale sont encore plus réduites.

La stratégie américaine anti-saoudienne s'est exprimée dans rapport du
Congrès sur les attentats du 11 septembre. Des dizaines de pages non
publiques y mettent en cause le rôle de l'Etat saoudien. Le rapport exige
des dédommagements de l'ordre de 3.000 milliards de dollars, l'équivalent du
total de la dette américaine!

Dès que le rapport a été rendu public, en août, une délégation saoudienne
dirigée par le prince héritier s'est rendue à Moscou. Elle y a négocié un
accord pétrolier anti-dumping: l'Arabie saoudite s'engage à consulter la
Russie afin de ne pas abaisser les prix du pétrole mondial.

Il faut savoir que l'Arabie saoudite a été un des principaux alliés des
Etats-Unis dans sa croisade anticommuniste. Elle a aussi financé en grande
partie l'économie américaine avec ses pétrodollars. En acceptant de baisser
les prix du pétrole quand les Américains le lui demandaient, les rentrées en
devises des régimes nationalistes arabes mais aussi de l'Union soviétique,
grande productrice de pétrole, ont chuté, provoquant des crises économiques
dans ces pays.

L'accord russo-saoudien est donc un revirement important et un défi à la
mainmise américaine. L'Arabie saoudite, qui dans le passé avait conseillé
aux associations musulmanes des Etats-Unis de voter pour Bush, leur demande
aujourd'hui de tout faire pour qu'il ne soit plus réélu.

Toutes ces contradictions s'accentuent à mesure que la résistance irakienne
apparaît chaque fois plus forte et plus organisée

Mohammed Hassan. Il y a une combinaison de plusieurs formes de résistance:
des actions militaires ciblées contre des convois américains mais aussi une
forme d'Intifidah populaire.

Ainsi, le 31 octobre, la résistance a proclamé trois jours de grève et de
résistance à l'occupant à travers le bouche-à-oreilleet la diffusion
clandestine de tracts. Le lendemain, la ville de Bagdad était quasi déserte.
Le surlendemain, un hélicoptère américain a été abattu faisant plus de 20
morts. Et le jour suivant, c'est le quartier général des troupes US et
britanniques qui étaient attaqués. Après l'attaque contre le vice-ministre
de la Défense US Wolfowitz, le 26 octobre, cela démontre que la résistance
veut semer la panique non seulement à la base de l'armée américaine mais
aussi chez ses généraux et décideurs.

L'attentat contre la Croix-Rouge le 27 octobre pose quand même question.
Pourquoi s'en prendre aussi à ceux qui apportent une aide humanitaire?

Mohammed Hassan. La situation est un peu plus complexe. Ces dix dernières
années, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge (son équivalent dans le monde
musulman) ont produit un rapport très critique sur les conséquences de
l'embargo pour la population civile.

Après la chute de Bagdad, l'essentiel du personnel irakien du Croissant
Rouge, jugé pro-Saddam, a été foutu dehors par les troupes d'occupation.
Elles ont mis des pro-US à la tête de l'organisation. Qui n'apporte de
l'aide que dans les zones sous contrôle américain.

Par exemple, rien n'arrive à la ville de Fallujah, bastion de la résistance.
Et ne soyons pas naïfs: l'armée US infiltre ce genre d'organisation pour son
travail d'espionnage. Ce qui peut expliquer les motivations de ceux qui ont
attaqué la Croix-Rouge.

Certains analystes comparent l'Irak au Vietnam.

Mohammed Hassan. Il y a des éléments de comparaison, évidemment. Mais il
faut situer ces deux guerres dans leur contexte. La guerre contre le Vietnam
cadrait dans la stratégie du containment. Les USA voulaient faire comme en
Corée: un Nord-Vietnam communiste et un Sud-Vietnam pro-américain. Mais ils
ont eu affaire à une guérilla fortement implantée dans la masse, à un parti
communiste bien organisé soutenu par la Chine et l'Union soviétique,.

En Irak, Washington agit dans une logique de roll-back, de renversement. La
résistance irakienne n'a pas le soutien de l'Union soviétique, ni
ouvertement d'autres pays puissants. A priori, la situation y est donc
beaucoup plus difficile.

Mais les Etats-Unis ont aussi des points faibles: ils ont perdu la guerre de
propagande dans le monde arabe et musulman. La résistance a le soutien de
quasiment toutes les classes sociales dans le monde musulman. L'agression
américaine y a fortement augmenté la conscience de cette population de plus
d'un milliard de personnes. Ainsi, la résistance irakienne ne manquera pas
de finances, à condition qu'elle continue à s'organiser.

Et rien n'indique que le financement exorbitant de la guerre par l'Etat
américain pourra continuer sans provoquer à terme une grave crise interne
aux Etats-Unis. Tôt ou tard, à mesure que les contradictions s'accentueront
en Irak et dans la région, les Américains se trouveront dans une situation
intenable et devront quitter le pays.



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