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[casi] UN Res on Iraq: Lettre ouverte à Jacques Chirac



http://www.reseauvoltaire.net/article10653.html

La résolution de l'ONU sur l'Irak
Lettre ouverte à Jacques Chirac
Inquiet de voir la France soutenir au Conseil de sécurité une prochaine
résolution états-unienne sur l'Irak, Youssef Aschkar, ancien président du
parti laïque libanais, s'adresse au président Chirac. Il lui demande de
tenir bon et de ne pas laisser Washington poursuivre sa fuite en avant :
dégager les États-Unis du bourbier irakien, c'est les autoriser à déplacer
leur guerre perpétuelle vers d'autres pays du Proche-Orient.



29 septembre 2003



Beyrouth, le 23 septembre 2003

Monsieur le président de la République française,

Le Conseil de sécurité se réunira bientôt pour débattre et voter une
nouvelle résolution sur l'Irak, à la demande des États-Unis d'Amérique. La
France a fait entendre qu'elle ne recourra pas au veto.

Cependant, la France ne semble pas avoir renoncé à sa vision globale qui
s'oppose à celle d'outre-Atlantique et d'outre-Manche. Opposition de fond
tant sur les principes qui sous-tendent ces visions que sur les pratiques et
les moyens ; opposition sur la légitimité et l'efficacité du processus de la
guerre globale et perpétuelle en cours.

Pour leur part, les États-Unis tiennent toujours à leur vision qui ne peut
se traduire que par la guerre perpétuelle et idéologique, sorte de croisade,
portée, cette fois-ci, à l'échelle mondiale.

Monsieur le président, les États-Unis entendent, par une nouvelle résolution
du Conseil de sécurité, alléger leur fardeau militaire et financier en Irak,
pour pouvoir porter leur guerre ambulante ailleurs. Comme ils ont déplacé la
guerre d'Afghanistan en Irak. Leur actuel appel aux Nations unies devrait
être conçu moins comme un signe de recul qu'une condition, jugée nécessaire,
pour pouvoir aller de l'avant ; moins comme un signe de fatigue qu'un moyen
de rassembler et libérer des forces, pour les engager dans un nouveau champ
d'action. Ils entendent créer indéfiniment de nouveaux faits, réduisant la
fonction des Nations unies et des « autres » à traiter avec le chaos ainsi
créé et à payer les factures.

Monsieur le président, permettez-moi de suggérer que trois questions soient
portées devant l'Assemblée générale durant la session annuelle actuelle, et
au Conseil de sécurité lors de la discussion du projet états-unien de
résolution sur l'Irak ; questions dont l'éclaircissement préalable rendra
conditionnelle toute résolution.

La première concerne l'Irak. Il s'agit de donner aux Nations unies un mandat
leur confiant de conduire une enquête d'urgence sur l'état des lieux en
Irak. Sur la dimension des destructions et des dommages matériels (par
dizaines ou par centaines de milliards ?), sur les conditions humaines,
économiques, politiques et sécuritaires et sur l'évolution de cette
situation durant les 150 jours postérieurs aux opérations militaires
principales. Cette enquête est une obligation primordiale : pour établir la
responsabilité des destructions et des dégâts et pour définir l'engagement à
la reconstruction et à la réhabilitation.

La deuxième concerne la décision de la guerre. Il s'agit d'inviter tous les
États, en l'occurrence les États-Unis, à s'engager devant la communauté
internationale à renoncer définitivement à toute guerre décidée
unilatéralement sans le consentement des Nations unies ou contre leur
volonté. Et ce pour garantir que toute nouvelle résolution concernant l'Irak
puisse servir à progresser vers la responsabilité collective et la
limitation des risques et des dégâts, et non à encourager la superpuissance,
une fois ses forces libérées, à décider, unilatéralement, de nouvelles
guerres qui puissent entraîner une catastrophe planétaire.

La troisième concerne les conséquences mondiales de la guerre. Il s'agit de
débattre, aux Nations unies, de la situation mondiale et de la position de
chaque État sous le régime de la guerre que conduisent ici et gèrent là-bas
les États-Unis. Le monde est-il devenu plus ou moins sûr ? Le fanatisme,
l'extrémisme, la violence, les valeurs tribales, le chauvinisme, la culture
de la confrontation, la culture du ghetto, l'anarchie et le chaos. se
sont-ils renforcés ou affaiblis ? Ont-ils rétréci ou diminué, ou se sont-ils
propagés et développés ? Rien n'est plus important et urgent que de répondre
à ces questions au plus haut niveau de la conscience et de la rationalité.
Le sort de l'humanité en dépend.

Monsieur le président, la France, partagée entre les considérations
traditionnelles de la vie internationale et ses nouvelles responsabilités de
solidarité salutaire avec l'humanité, ne peut hésiter.


Youssef Aschkar
Anthropologue et historien,
ancien président du Parti laïque et social du Liban.




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