The following is an archived copy of a message sent to a Discussion List run by the Campaign Against Sanctions on Iraq.

Views expressed in this archived message are those of the author, not of the Campaign Against Sanctions on Iraq.

[Main archive index/search] [List information] [Campaign Against Sanctions on Iraq Homepage]


[Date Prev][Date Next][Thread Prev][Thread Next][Date Index][Thread Index]

[casi] A Belgian Doctor on the American Occupation



A Belgian Doctor on the American Occupation:

"Six weeks in Bagdad under occupation"


For pics & links go to the URL.

Well yes, admitted:  It's in French.

But I tried to warn you before:
There is life beyond English ...


Best

Andreas

------------------------

http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?lang=1&obid=20725

mardi, 19 août 2003, 10h24


Six semaines à Bagdad sous l'occupation

Témoignage exclusif: le médecin belge Geert Van Moorter à propos de
l'occupation américaine

Le docteur Geert Van Moorter, de Médecine pour le Tiers Monde, est rentré
depuis quelques jours. Il a séjourné en Irak du début juillet à la mi-août.
Un témoignage exclusif sur la vie quotidienne sous l'occupation et sur les
nombreuses formes de résistance.

Pol De Vos
20-08-2003

La situation à Bagdad
Les cicatrices continuent à faire mal
Une occupation sans perspective
La résistance irakienne connaît de multiples formes
Soutien à la résistance irakienne. Que faire?
Le président Bush dit que la situation à Bagdad s'améliore chaque jour.
C'est ce que vous avez également remarqué?

Reportage
Geert Van Moorter a séjourné en Irak du début juillet à la mi-août. Un
témoignage exclusif sur la vie quotidienne sous l'occupation et sur les
nombreuses formes de résistance.[Photos Geert Van Moorter - Click to
enlarge]



Geert Van Moorter



A première vue, tout va bien. La plupart des magasins sont approvisionnés
normalement mais seuls ceux qui ont suffisamment d'argent peuvent y faire
leurs achats.

De longues files d'attente aux pompes à essence, malgré les énormes réserves
pétrolières du pays.

L'approvisionnement en eau est surtout une question d'attente et de
patience. Les laboratoires censés contrôler la qualité de l'eau ne
fonctionnent plus. > Interview

Les cicatrices continuent à faire mal

Geert Van Moorter rend visite à Mohammed Ali Sarhan, qui a perdu les deux
jambes: un char américain a mitraillé l'ambulance dans laquelle il se
trouvait, accompagnant sa femme sur le point d'accoucher. Elle a eu moins de
chance que lui.

En divers endroits de Bagdad, on rencontre des bâtiments officiels criblés
d'impacts ou complètement incendiés. Voici le bâtiment des
télécommunications, par exemple.

Partout en ville, on découvre des affiches de Handicap International mettant
en garde contre les bombes à fragmentation. Ces bombes sont constituées de
centaines de petites bombes qui n'explosent que lorsqu'on les touche. Leur
utilisation contre la population civile constitue un crime de guerre.
>Interview


Une occupation sans perspective

Aux check-points, on contrôle toute personne s'approchant des troupes ou des
bâtiments des forces d'occupation.


Vue depuis l'hôtel Palestine, la ville entière semble constituer une immense
menace: barrages routiers et fils barbelés sont censés assurer la sécurité
des étrangers. Quelle différence avec la situation voici quelques mois à
peine.

Ce jeune a été abattu à l'approche d'un check-point. Il a eu l'épaule
déchiquetée. Ainsi, chaque jour, on compte de nouvelles victimes aux postes
de contrôle. >Interview

La résistance irakienne connaît de multiples formes

Graffiti contre les Américains: «Go Home!»

Une action de protestation de la toute nouvelle organisation des
sans-emploi.

Trois heures après l'attentat, Geert était à proximité de ce véhicule
militaire carbonisé . Dessus, on avait écrit à la craie: «Vive notre
président! La résistance vaincra!» >Interview

- Top -

Geert Van Moorter. On a d'abord l'impression que tout va plus ou moins bien.
La vie suit son cours, de nombreux magasins sont approvisionnés. Seules, les
Jeeps américaines détonnent. Mais dès que le soir tombe, toute illusion
disparaît: avant la guerre, la ville s'animait à la tombée de la nuit.
Jusqu'à 1 ou 2 heures du matin, des groupes de gens bavardaient et
rigolaient dans les rues. Aujourd'hui, la nuit, Bagdad est une ville morte.
D'ailleurs, les Américains ont décrété une interdiction de sortie qui prend
effet à partir de 23 heures.

J'ai bien vite remarqué que la population souffre encore terriblement des
retombées de la guerre. Les Irakiens ne comprennent pas comment il se fait
que, quatre mois après la fin officielle du conflit, il n'y ait toujours que
quelques heures d'électricité par jour. Il y a toujours d'énormes problèmes
avec l'eau potable. L'approvisionnement en essence est toujours gravement
perturbé. Plusieurs personnes m'ont dit qu'après la dévastatrice première
guerre du Golfe, en 91, alors que la majeure partie du pays était restée
sous contrôle du gouvernement irakien, tous ces problèmes avaient été
résolus en moins de deux mois. Aujourd'hui, toute la structure
administrative du pays est sens dessus dessous. La plupart des services
publics et des ministères sont toujours à l'arrêt. Les entreprises d'Etat
sont fermées. Ils sont des centaines de milliers à avoir perdu leur boulot
et tournent plus ou moins en rond. De quoi vivent-ils? Aucune idée, ils ne
doivent plus avoir d'économies, après deux guerres et douze ans d'embargo.
Par chance, le programme «de la nourriture contre du pétrole» fonctionne
plus ou moins. Environ 80% de la structure de distribution mise en place par
le précédent régime semble encore exister. L'un dans l'autre, naturellement,
c'est une piètre consolation.


Mais on a pourtant installé un «gouvernement provisoire», non? Celui-ci
n'arrive-t-il pas à résoudre les problèmes?

Geert Van Moorter. Toutes les personnes avec qui j'ai parlé n'avaient que
mépris à l'égard de ce conseil des 25 qui, aujourd'hui, prétend diriger le
pays. «Dans le temps, nous avions un Saddam, aujourd'hui, nous en avons 25»,
ricanait quelqu'un. «La plupart sont des profiteurs qui ont séjourné des
années à l'étranger. Ils sont entrés à Bagdad avec les chars américains.» Ce
sont les Américains qui tirent les ficelles. Les prétendus «ministres» n'ont
strictement rien à dire. > Photos


- Top -

Les cicatrices continuent à faire mal
Les gens parviennent-ils à oublier la guerre? Peuvent-ils se défaire de
l'inquiétude et de la tension de ces jours?

Geert Van Moorter. Bien des gens sont encore confrontés quotidiennement aux
conséquences des bombardements. Ainsi, j'ai pu revoir Mohammed Ali Sarhan.
Pendant la guerre, il a perdu ses deux jambes. Le 7 avril, dans une
ambulance qui se rendait à l'hôpital Yarmouk de Bagdad, il accompagnait sa
femme au dernier stade de la grossesse et une autre femme sur le point
d'accoucher. C'est alors qu'ils ont été pris pour cible par un char
américain. Mohammed a été éjecté de l'ambulance, les deux femmes et les
bébés sur le point de naître ont péri carbonisés. Lorsque des témoins de la
scène ont voulu aider Mohammed, ils se sont fait tirer dessus. Dernièrement,
j'ai pu réunir des témoignages supplémentaires du père et de la sur de
l'autre femme enceinte. Ils se trouvaient également dans l'ambulance. La sur
est toujours en convalescence suite à ses brûlures graves et à une lourde
fracture. Ils confirment l'histoire: c'est sans raison que les Américains
ont tiré sur l'ambulance. > Photos

- Top -

Une occupation sans perspective
Comment les gens vivent-ils la présence de l'armée américaine?

Geert Van Moorter. Une interprète m'a dit: «Je me sens comme une étrangère
dans mon propre pays. Chaque fois que je vois des Américains, je me sens
gagner par la colère.» Elle m'a raconté comment, avant, elle menait une vie
sociale très riche. Mais aujourd'hui, elle ne sort plus le soir. Elle n'ose
même plus rouler en voiture.

Les soldats américains sont arrogants. Ceux qui affichaient une attitude
neutre ou un tantinet positive à l'égard des Américains parce qu'ils avaient
chassé Saddam Hussein savent aujourd'hui que l'armée américaine n'est pas
venue pour les aider. A l'aéroport international de Bagdad, des milliers de
personnes sont détenues. Toute personne «suspecte» est arrêtée et, souvent
même, abattue sans sommation. Je suis allé voir un garçonnet de 10 ans, qui
s'était fait tirer dessus à un poste de contrôle. Il a eu l'épaule
totalement déchiquetée et il est handicapé à vie. Mais ce garçon n'a nulle
part où aller. La Police militaire américaine, censée poursuivre les
exactions de l'armée, ne lève pas le petit doigt pour empêcher les abus de
pouvoir et les agressions commises par les soldats américains. Quand j'ai
demandé à l'un d'entre eux comment ils réagissaient lorsqu'ils recevaient
des plaintes de la part d'Irakiens, sa réaction a été: «C'est la guerre,
mec!»


Comment les soldats américains considèrent-ils leur présence en Irak?

Geert Van Moorter. Un soldat m'a dit qu'ils ne pouvaient consommer aucune
nourriture ou boisson locales. Uniquement leurs propres rations. C'est
évidemment intenable.

J'avais une conversation cordiale avec un soldat dans une Jeep. Il portait
un casque très lourd et une épaisse vareuse pare-balles. Il faisait plus de
40°C. J'étais là dans un T-shirt. Je lui ai fait signe pour lui dire que
j'avais très chaud et lui ai demandé s'il n'étouffait pas sous son barda.
Réponse: «Y pas qu'ça. J'ai moi-même l'impression d'être un prisonnier. Nous
ne pouvons pas quitter notre Jeep, nulle part nous ne sommes en sécurité.» >
Photos

- Top -

La résistance irakienne connaît de multiples formes
Qu'avez-vous remarqué de la résistance?

Geert Van Moorter. Naturellement, il y a de nombreuses actions de
protestations et manifestations. Celles-ci sont organisées pour des raisons
très diverses. Les sans-emploi, les familles des gens qui ont été arrêtés
sans raison, les habitants qui réclament l'eau et l'électricité, les
militaires qui n'ont plus été payés depuis des mois Ensuite, il y a
naturellement la résistance armée. Régulièrement, j'entendais des
explosions, surtout en plein jour. Début juillet, j'étais à l'hôtel
Palestine lorsque, de l'autre côté du Tigre, dans le quartier présidentiel,
une bombe a éclaté. J'ai senti les trépidations, des nuages de fumée
s'élevaient. Bien vite, des hélicos se sont mis à aller et venir, ainsi que
des camions. J'ai également pu voir un camion de l'armée américaine
incendié. Trois heures environ après l'attentat, j'y étais. Il faut être
rapide pour voir quelque chose, parce que les Américains escamotent toujours
le plus vite possible les traces des attentats.

Ce n'est un secret pour personne que le nombre officiel des victimes
américaines est toujours sous-estimé. Rien qu'au cours de mes quinze
premiers jours en Irak, début juillet, j'ai appris via des témoignages
directs qu'il y avait eu 16 Américains tués.


Peut-on dire que la résistance s'intensifie?

Geert Van Moorter. J'ai eu l'impression qu'elle s'organisait de mieux en
mieux: les actions ont davantage d'ampleur, ce qui requiert plus de
préparatifs. On m'a parlé d'entraînements militaires qui étaient organisés
par des officiers et des généraux de l'ancienne armée. Dans certaines
régions, on collecte ouvertement de l'argent pour soutenir la résistance.
J'ai eu sous les yeux plusieurs tracts imprimés contre l'occupation
américaine. L'opposition politique se renforce et se manifeste avec des
points de vue plus tranchants. Fin juillet, le pouvoir colonial a fermé
trois journaux parce qu'ils critiquaient les Américains et qu'ils parlaient
des succès de la résistance.


Vous êtes l'un des initiateurs de la plainte contre le général Franks. Quel
est votre point de vue à ce propos, après votre visite en Irak occupé?

Geert Van Moorter. L'un des objectifs de ma visite était précisément de
collecter aussi des infos supplémentaires sur les crimes de guerre. J'y suis
parvenu. En outre, j'ai encore reçu toute une série de nouvelles plaintes
et, précisément, toutes concernant de graves crimes de guerre. La plainte en
Belgique contre le général Franks vise à pouvoir obtenir une enquête
indépendante sur ces crimes. Mais c'est précisément le moment que choisit le
gouvernement belge pour liquider la loi de compétence universelle. Ca, c'est
quelque chose que les Irakiens ne peuvent pas comprendre. > Photos

- Top -

Soutien à la résistance irakienne. Que faire?
Vous pouvez faire connaître ce témoignage du Dr. Geert Van Moorter:

en l'invitant dans votre délégation syndicale, votre centre de jeunes, votre
comité StopUSA;
en téléchargeant un choix plus large de photos sur www.solidaire.org;
en soutenant la campagne «procès Franks» de StopUSA (voir sur
www.stopusa.be);
en diffusant ce numéro de Solidaire autour de vous.
Contacts
StopUSA, info@stopusa.be, 0499/409.317 & 0473/967.776;

Médecine pour le Tiers monde, info@m3m.be, 02/209.23.60, www.m3m.be






_______________________________________________
Sent via the discussion list of the Campaign Against Sanctions on Iraq.
To unsubscribe, visit http://lists.casi.org.uk/mailman/listinfo/casi-discuss
To contact the list manager, email casi-discuss-admin@lists.casi.org.uk
All postings are archived on CASI's website: http://www.casi.org.uk


[Campaign Against Sanctions on Iraq Homepage]