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[casi] La guerre d'Irak n'aura pas lieu - The Iraq War Will Not Take Place



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" La guerre d'Irak n'aura pas lieu

Malgré sa rhétorique guerrière et l'intérêt évident des Etats-Unis à
renverser le régime de Saddam, Bush n'a pas les moyens diplomatiques d'un
conflit armé. ...."

=

"The Iraq War Will Not Take Place

Despite his bellicose rhetorics and the obvious interest the USA has in
toppling the regime of Saddam, Bush has not the diplomatic means for an
armed conflict [at his disposal] "




Best

andreas


            A N U
Assyrian News Watch
* * * * * * * * * * * * * * * *
Assyrian Chaldean Syriac


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http://www.liberation.fr/page.php?Article=44529

Malgré sa rhétorique guerrière et l'intérêt évident des Etats-Unis à
renverser le régime de Saddam, Bush n'a pas les moyens diplomatiques d'un
conflit armé.

La guerre d'Irak n'aura pas lieu

Par Jean-Louis DUFOUR

lundi 29 juillet 2002

Jean-Louis Dufour est professeur associé à l'Ecole spéciale militaire de
Saint-Cyr. Dernier ouvrage paru : «la Guerre, la ville et le soldat» (Odile
Jacob, 2002).

L'Irak, c'est 200 000 hommes, avec chars, hélicoptères, artillerie, armes
antiaériennes. Rien à voir avec les talibans, bandes dépenaillées,
légèrement armées.

Pour le secrétaire d'Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, la
question n'est pas de savoir si les Etats-Unis sont décidés à attaquer
l'Irak pour se débarrasser de Saddam Hussein, mais de dire quand ils le
feront. Le président Bush, lors d'une conférence de presse surprise le 8
juillet, n'a pas hésité à proclamer qu'il emploierait «tous les moyens»
pour expulser de son trône le raïs irakien. «Tous les moyens», cela
signifie la guerre, puisque les autres procédés, sanctions, coups d'Etat,
insurrections, révoltes, ont tous échoué.
Voir une démocratie assaillir l'Irak, délibérément, sans vraie provocation
de sa part, en contradiction formelle avec le droit des gens et la charte
des Nations unies serait extraordinaire, l'opération, nullement assurée du
succès. A l'intérieur des Etats-Unis, le projet ne suscite pas
l'enthousiasme. C'est le cas au Pentagone. Les obstacles techniques, même
s'ils sont surmontables, sont nombreux. L'opinion publique commence à
fléchir. Hors du pays, et contrairement à ce qui s'est passé lors de la
campagne d'Afghanistan, les oppositions politiques pourraient être
virulentes, surtout chez les Etats arabes et musulmans, jusqu'à constituer
une gêne pour la manoeuvre. En dépit de la détermination affichée de
l'administration républicaine, on a peine à croire en la mise en oeuvre de
pareille folie.

Certes, au-delà d'un espoir de réélection, George W. Bush a quelques motifs
de s'en prendre à l'Irak. Le premier, officiel, est bien connu.
L'hypothétique possession par l'Irak d'armes de destruction massive,
chimiques, biologiques ou nucléaires, serait de nature à bouleverser les
équilibres stratégiques au Proche-Orient et même à menacer directement
l'Amérique au cas où l'organisation Al-Qaeda déciderait de s'en servir. Le
moment serait donc venu d'agir préventivement. La deuxième raison, non
avouée, plus sérieuse, sans pour autant justifier une «vraie guerre», est
le pétrole, du moins si l'on en croit le centre d'analyses stratégiques
Stratfor. Comme on le sait, les réserves irakiennes sont considérables.
S'en assurer le contrôle par le biais d'un Irak devenu enfin l'ami des
Etats-Unis conférerait à ces derniers un moyen de pression efficace contre
les deux autres très grands producteurs de la région, l'Iran et l'Arabie
Saoudite. Ces deux pays dépendent totalement de leurs exportations de brut
pour s'assurer une élémentaire stabilité intérieure. L'un et l'autre usent
de leurs capacités pétrolières comme d'un puissant argument quand ils
négocient avec les Etats-Unis ou le reste du monde. Le contrôle par les
Etats-Unis des richesses irakiennes diminuerait grandement l'influence du
gouvernement de Riyad et sa capacité d'initiative, pour ne pas dire de
nuisance. Il en irait de même pour l'Iran des ayatollahs, avec lequel
Washington nourrit un contentieux ancien.

Reste donc à se débarrasser de Saddam. Mais comment ? L'assassiner, le
capturer, le forcer à s'enfuir ? Autant de projets aléatoires. On peut
aussi rêver d'un coup d'Etat. Quatre tentatives ont eu lieu depuis la fin
de la guerre du Golfe. Sans succès ! L'Irak est un Etat policier. Une bonne
douzaine de «services» constituent l'appareil sécuritaire. Tous s'épient,
se jalousent, se dénoncent tout en surveillant attentivement les trublions
potentiels et en manipulant régions et tribus afin d'y susciter
d'inexpiables rivalités. De toute manière, obtenir le départ de Saddam ne
garantit pas l'avenir. Rien n'indique que le successeur du dictateur de
Bagdad se montrerait plus accommodant avec Washington.

Le seul vrai moyen d'en finir est d'envoyer des troupes prendre le contrôle
de l'Irak et s'assurer d'un remplaçant convenable, décidé à favoriser
Washington. Il s'agirait au fond de recommencer une campagne de type
Afghanistan, avec engagement de forces spéciales, emploi d'Irakiens
soucieux d'en finir avec leur dictateur, appui aérien massif et déploiement
de G.I. au sol en nombre relativement limité.

Semblable opération doit faire l'objet d'une planification évidemment
minutieuse. De plus, nombre de chefs militaires américains se disent
opposés à une intervention en Irak. Leurs arguments sont divers mais vont
dans le même sens. Un, l'opposition en Irak est sans consistance militaire.
Contactés par la CIA, les responsables kurdes se disent très réticents à
s'engager ; aucun rapport avec les 20 000 hommes, rustiques et aguerris, de
l'Alliance du Nord ! Deux, ce qui demeure de l'armée irakienne n'a rien à
voir avec les talibans et leurs 50 000 moudjahidin, mal articulés en bandes
dépenaillées, légèrement armées. L'Irak, c'est 200 000 hommes, avec chars,
hélicoptères, artillerie, armes antiaériennes. Pour les affronter, les
réduire et être capable de se maintenir dans le pays plusieurs mois avec un
minimum de pertes, 300 000 militaires américains devront être acheminés sur
place à partir de bases situées au Koweït, en Turquie et en Jordanie. Le
plan, dont certains détails ont été opportunément révélés par le New York
Times, sans doute pour le mieux critiquer, privilégierait des actions
aéromobiles, plus nombreuses que lors de la guerre du Golfe, associées à
des poussées blindées-mécanisées venues du nord et du sud.

Militairement possible, une concrétisation rapide de ce plan se heurte à
divers obstacles d'ordre logistique, dont on sait qu'ils sont pour le
Pentagone toujours déterminants. Plusieurs porte-avions sont actuellement
indisponibles, faute pour la Navy d'avoir respecté les périodes d'entretien
et d'entraînement en raison de la campagne afghane. Il faudra attendre
l'hiver pour en avoir six opérationnels, le minimum indispensable. Les
armées yankees manquent de munitions guidées avec précision. Six mois sont
nécessaires à partir de maintenant pour amener les stocks à la hauteur
souhaitée. Même si elle a discrètement commencé l'hiver dernier, la mise en
place des forces ne saurait être instantanée. Deux mois au moins sont
requis. A supposer qu'il reçoive l'ordre cet été, le Pentagone ne sera pas
prêt avant l'hiver prochain.

Les exigences des militaires sont pourtant des broutilles au regard des
contraintes politiques. Washington n'imagine probablement pas s'engager
dans une affaire de cette importance sans un environnement à peu près
calme. Or, on en est loin. La rivalité Inde-Pakistan ne faiblit pas. Les
tensions entre ces deux puissances nucléaires pourraient bien s'amplifier à
nouveau lors des prochaines élections cachemiries, en octobre. La Maison
Blanche doit également prendre en compte les inquiétudes de Damas et de
Téhéran. Même si la Syrie et l'Iran ne sont pas des alliés de l'Irak, l'une
et l'autre redoutent fort l'émergence à leurs frontières d'un suppôt de
Washington. On peut également compter sur la détermination de Riyad à tout
faire pour empêcher une attaque contre Bagdad. L'Arabie tient à conserver
son statut de premier fournisseur des Etats-Unis en pétrole ; elle redoute
encore plus les troubles graves que susciterait inévitablement semblable
opération. S'agissant des bases de départ, la situation n'est pas
meilleure. Le 11 juillet, le ministre jordanien des Affaires étrangères n'a
pas mâché ses mots : «La Jordanie ne servira pas de plate-forme d'attaque.»
De son côté, la Turquie, actuellement au coeur d'une tourmente politique,
ne constitue pas une base idéale. Et il y a aussi dans la région le
différend israélo-palestinien qu'on aurait garde d'omettre dans la longue
liste des facteurs défavorables. Enfin, s'agissant du reste du monde, c'est
peu dire que la Russie, la Chine, même l'Union européenne, voient d'un très
mauvais oeil les projets du président Bush : pour être seulement verbale et
rhétorique, leur opposition n'en sera pas moins bruyante et donc
politiquement dommageable.

La tâche que s'est fixée l'administration républicaine semble impossible à
mener à bien. Difficile pour l'«hyperpuissance» américaine d'agir seule
contre l'avis du monde entier. Prendrait-elle néanmoins la décision de
lancer la guerre contre l'Irak que l'essentiel demeurerait à accomplir :
inventer à Bagdad un nouveau régime, aux apparences démocratiques pour être
acceptable, assez complaisant pour obéir sans barguigner aux ordres de
Washington, doté de l'autorité suffisante pour tenir sous sa coupe des
populations sunnites, chiites et kurdes dont l'ambition de vivre ensemble
au sein d'un même Etat n'a jamais constitué la préoccupation dominante.



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